La vie sans elle 7

Non tu ne vas pas bien. C'était rare les fois où elle voyait Ally si faible. Et à chaque fois elle crevait de trouille. Bébé?! tu... Tu ne fais pas de crise cardiaque. Elle s'approcha un peu, mais n'osait pas venir contre elle pour lui laisser de l'espace pour respirer.

Ally reboutonna sa veste. Une petite crise d'angoisse. Elle se releva sans un mot de plus et grimaça légèrement sous la gêne toujours présente, appuyant de sa main sur son sternum... ce qui ne changeait pas grand chose.

Elle savait pourtant que c'était dans sa tête. Avec une profonde inspiration, elle marcha jusqu'à la barre et fit remonter l'ancre, et avança sa main vers le GPS se révélant bien incapable de taper les coordonnées à cause des tremblements dans sa main. Elle serra le poing et posa ses deux mains sur le macaron le temps que ses tremblements se calment.

Inquiète, Alex l'avait suivi. Elle n'avait jamais vu Ally faire de crise d'angoisse. Bébé, tu devrais peut-être te reposer 5 minutes. On est pas obligé de partir tout de suite...

Ally acquiesça d'un hochement de tête et éteignit le moteur avant de se laisser glisser au sol, regardant doucement ses vêtements. Il faudrait que je me change aussi... je ne peux pas arriver habiller comme ça chez Gabriella.

Elle laissa sa tête partir en arrière contre le bord du bateau et ferma les yeux pour se reprendre puis les rouvrit sur une Alexandra à l'air inquiet. Ce n'est rien. Ca va passer. Je dois avoir un peu de tension et un peu de stress. Ce n'est pas grave.

Alexandra s'approcha et prit doucement Ally dans les bras, prête à se reculer si sa femme la repousait. Comme ça ne semblait pas être le cas, elle glissa son visage contre son torsse et laissa couler quelques larmes. Elle avait eu tellement peur... Et elle se sentait entièrement responsable.

Ally referma presque par habitude, ses bras autour de sa femme, la maintenant contre elle, le regard lointain. Elle n'était pas bien sûr de ce qui s'était passée avec Alexandra. Où en était leur dispute ?

A vrai dire, elle s'en fichait un peu pour le moment... mais pour autant elle n'arrivait pas à se réjouir d'avoir sa femme dans ses bras. Elle avait seulement envie de rentrer, de prendre une douche et d'aller se coucher... mais même ça, elle ne pourrait pas le faire. Elle avait promis de passer la soirée avec Gabriella.

Alex était vraiment inquiète. Non seulement les crises d’angoisse n’était pas coutume chez Ally, mais en plus, elle avait ce regard vide, lointain. Sa femme n’était pas avec elle. Et ce qui s’ajoutait à tout ça, c’est qu’Alex ne comprenait toujours pas ce qui s’était passé

Ally relâcha doucement Alex en sentant ses mains s'être arrêter de trembler et finit par la pousser doucement à se relever alors qu'elle-même se levait. Je vais me changer. Tu peux surveiller le bateau ?

Elle n'attendit pas vraiment sa réponse et descendit prudemment dans la cabine, se retournant pour fermer la trappe derrière elle. Elle ne voulait pas être dérangée. Elle s'assit et déboutonna fébrilement sa veste puis son pantalon qu'elle retira avant de laisser choir au sol ses sous-vêtements et d'enfiler ses vêtements propres, enfournant les autres dans leur sac. Elle aurait aimé se doucher mais étant donné la taille de la cabine ce n'était même pas la peine d'y penser.

Maintenant habillée, elle rouvrit la trappe et s'occupa de défaire entièrement le lit pour plier les draps et les poser sur le lit avant de ramasser toutes leurs affaires en jetant simplement un regard sur la cabine pour être sûr de ne rien oublier.

Alex n’avait pas bougé. Il n’y avait rien à surveiller et Ally le savait. Elle se mit à regarder l’horizon et à réfléchir. Elle ne comprenait pas cette crainte que ressentait Ally de la voir se lasser. N’en faisait-elle pas assez ? Est-ce qu’elle avait fait quoi que ce soit qui pouvait laisser penser à sa femme qu’elle s’ennuyait ? Il lui semblait au contraire que leur vie était bien remplie… Elle posa la main sur son ventre, le caressa. Quelle était cette lubie de sa femme de vouloir filmer ou enregistrer leur étreinte ?

Ally sortit finalement de la cabine et déposa leurs sacs à l'arrière avant de revenir devant la barre pour démarer les moteurs. Malgré elle, elle ne put retenir un petit sourire en voyant la main d'Alex caresser son ventre, caresser Thomas...

Puis le sourire disparu alors qu'elle se concentrait à nouveau et qu'elle tapait les coordonnées au GPS actionnant doucement les moteurs. Tu devrais te tenir. Pour le retour, hors de question qu'elle mette le pilotage automatique, d'une part parce qu'il faudrait bien qu'elle prenne le contrôle de la barre lors de leur arrivée à la marina et d'autre part parce que cela lui permettait de se concentrer sur quelque chose et de ne pas se poser de questions sur tout ce qui c'était passé.

Ok. Alex posa sa main sur le bastingage. Il n’y avait plus la magie qui avait opéré la veille… Plus aucune trace. Malheureuse, Alex sentit son cœur se serrer en voyant Ally qui fuyait obstinément son regard. Elle en rajouta rien et resta silencieuse la fin du trajet… Quel gâchis !

L'heure de trajet se passa en silence. Un silence qu'Ally remarqua à peine, concentrer comme elle l'était sur le chemin à prendre. Le retour à la marina bien que franchement compliqué se passa bien. Elle éteignit les moteurs, descendit l'ancre et se retourna vers Alex en ouvrant la bouche pour lui faire remarquer avec fierté qu'elle avait réussi à ramener le bateau sans démolir le ponton mais ses mots se perdirent au regard d'Alex et son air de joie enfantine quitta son visage.

Elle referma la bouche puis sauta sur le ponton avant de se retourner pour tendre la main à sa femme, souhaitant l'aider à monter.

Alex prit la main de sa femme et se laissa guider jusqu’au quai. Mais le cœur n’y était pas vraiment. Elle sentait monter en elle une sourde colère, accompagnée de chagrin. Sa femme avait gâché ce moment si précieux, si magnifique…

Elle resta immobile sur le ponton, en attendant qu'Ally récupère les sacs.

Ce qu'elle fit jetant les sacs sur son épaule avant de prendre les couvertures et l'oreiller avec un petit pincement au coeur. Tout avait été gâchée... par les mots de sa femme.

Elle remonta sur le ponton et commença à avancer suivit par Alex, donnant les clefs au propriétaire du bateau avant de prendre congé avec un sourire forcé, lui expliquant qu'elles étaient attendues. Elle marcha ensuite jusqu'à la voiture et ouvrit difficilement le coffre pour y poser les couvertures et les deux sacs avant de le refermer et de venir s'asseoir derrière le volant.

Alex avait déjà pris place du côté passager sans dire le moindre mot. Elle regardait fixement devant elle quand Ally prit place. Et quand cette dernière démarra le véhicule, elle resta immobile. Bon sang, elle lui en voulait… Et elle s’en voulait de lui en vouloir… Pourquoi Ally ne lui avait pas parlé de son mal-être avant… Pourquoi le lui avait-elle craché comme ça au visage ?

Là encore le silence régnait... mais cette fois-ci Ally s'en aperçue et mal à l'aise, engagea la conversation sur un sujet neutre tout en maintenant son attention sur la route. Est-ce que tes parents partent demain comme nous ?

Elle tourna briévement la tête vers Alexandra. Je leur ai donné leurs billets d'avions quand on est arrivés comme nous on devait partir en Grèce. Je ne me rappelle plus du numéro de leur vol. Ils t'ont dit quelque chose à ce sujet ?

Non rien. Elle ne supportait plus cette ambiance. Elle tourna la tête vers Ally. Bébé, il faudrait qu’on parle…

Ally se raidit alors que son regard se concentrait sur la route. Ce n'est pas ce que l'on fait ? Elle essayait de détendre l'atmosphère, tenter de prouver à Alex qu'il n'y avait aucun problème entre elles pour qu'elle ne lance pas cette discussion... mais c'était perdue d'avance.

Elle soupira doucement mais continua de rouler. Je t'écoute...

Ally freina doucement, préférant s'arrêter sur le bas côté en cas où une autre crise d'angoisse surgissait soudainement. Tu n'as rien fait et... je n'ai pas envie de parler de ça. J'ignore pourquoi j'ai cette sensation que tu ne va pas rester mais c'est le cas, c'est tout.

Pendant tout son monologue elle n'avait pas tourné la tête vers Alex sentant à nouveau ses mains trembler. Quant à pourquoi on s'est disputée... c'est plutôt simple. Sous pretexte que je suis à l'aise avec ma sexualité, tu considère toujours ça comme si c'était un besoin vitale chez moi !

Elle tourna la tête vers Alex cette fois-ci. Alors désolée de ne pas être aussi prude que toi mais pour ta gouverne, non je ne pense pas que notre relation soit basé sur le sexe et non je n'ai pas besoin de plus de sexe !

Alexandra sentait sa colère augmenter, instinctivement elle haussa le ton. Soit, mais je ne t’ai jamais traité de pute ! Je ne me serai pas permise…

Non c'est vrai... Le ton d'Ally bien qu'il soit toujours aussi calme, montrait clairement que la colère n'était pas loin derrière. Mais tu penses que parce que je trouve important qu'on s'entende au niveau sexuelle et que tu ne t'ennuie pas, ça signifie que je n'en ai pas assez et que pour moi notre relation n'est importante que s'il n'y a que du sexe !

Je te ferai remarquer que si c'était ce que je pensais, je n'aurai jamais voulu avoir un enfant avec toi. Parce qu'un nourrisson qui se réveille la nuit en pleurant, il y a quand même mieux pour pouvoir faire l'amour ! Elle inspira profondément pour se calmer et reprit à voix basse. Il y a des moments où je me demande vraiment quelle image tu as de moi ?

J'ai une très bonne image de toi. Elle se pencha un peu vers Ally, en profitant pour défaire sa ceinture. Mais apparemment tu n'as pas la même que moi, vu que tu es sûre que dans quelques années je partirai... Qu je te quitterai. Alors, dis-moi, c'est qui qui a une bonne opinion de qui, hein! Elle ouvrit la portière côté passager et sortit de la voiture. Maintenant, fous-le camp!

Ally sortit à son tour du véhicule. N'échange pas les rôles ! C'est toi qui est toujours en train d'insinuer que je ne pense qu'au sexe ! Toi qui a insinué que puisque notre amour et notre bébé ne me suffisait pas, je n'avais qu'à partir !

Ma crainte que tu partes n'a rien à voir avec l'opinion que j'ai de toi ! C'est de moi qu'il s'agit et tu le sais très bien !

Mais bien sûr! C'est moi qui suis la méchante! Hou, je suis une vilaine fille parce que je ne veux pas qu'on se filme! Elle leva les bras au ciel. Alors oui, si ça peut te satisfaire, je suis la vilaine dans l'histoire. C'est moi qui t'ai proposé de nous enregistrer! Moi qui ai dit que tu allais me quitter dans quelques années en prenant nos enfants...

Elle avança sur le bord de la route. Allez. Casse-toi! Je veux plus te voir!