La vie sans elle 9

La louve noire suivit d'abord docilement, puis au fur et à mesure du chemin, elle s'enhardissait et s'amusait à passer d'un côté de celle qui menait, lui modillant délicatement le flanc, puis passant de l'aure pour lui lécher le museau... Elle jouait, montrant ainsi son affection, parce qu'en temps normal, elle aurait attaqué son adversaire.

Le loup était très heureux de ces attentions et dès qu'ils eurent atteint le terrain, il bondit sur sa jeune amie, les faisant rouler tous les deux dans l'herbe en lui donnant un petit coup de langue sur le bout du museau.

Puis il sembla se calmer un peu et refit le même manège qu'avec Alexandra un peu plus tôt, enfouissant son museau dans la fourrure de la louve en donnant de petits coups de langue sur sa peau de temps à autre.

La louve resta alors complètement immobile, mais fit rouler ses épqules, indiquant qu'elle appréciait.

Le loup ravi du comportement normal et appréciatif de la louve, se mit en devoir de lui faire la toilette, une façon de la faire sienne comme dans toutes meutes.

Cette louve semblait très intéressé par ses propositions, contrairement à l'autre que l'humaine considérait comme sienne et qui la repoussait lors de séance de toilette. Tout doucement, il nettoya le front de la louve brune, passant sa langue sur ses oreilles d'une manière naturelle, provoquant un rapprochement infaillible.

La louve abaissa ses oreille en un signe de soumission. Elle avait pu apprécier la force du loup la veille et elle se sentait irrésistiblement attirée par ce chef de meute. Elle ne bougea pas plus, en un autre signe de soumission complète.

Satisfait, le loup finit par poser ses pattes sur le dos de sa compagne et sa tête sur son épaule en savourant le fait d'avoir enfin trouver une louve à sa mesure. Puis quelques minutes plus tard, un son lui fit relever les oreilles. Il leva la tête vers la lune pour savoir combien de temps il lui restait et eut un léger rictus en constatant qu'il aurait largement le temps.

Il se retira prudemment de la louve et lui lécha briévement le museau pour la faire se relever, tournant ses oreilles vers la forêt, là où il avait entendu un bruit... Peut être un lapin ou un renard... En tout cas quelque chose de petit par rapport à eux. Cela pourrait être amusant de le chasser. Il jeta un regard à la louve et partit en courant vers la forêt.

La louve avait aussi entendu le bruit, mais elle avait préféré ne pas réagir, ne voulant pas déranger son chef. Quand il lui fit signe de se relever et qu'il détala vers la frêt, elle le suivit avec joie. Grisée par l'excitation, la chasse, elle se porta bientôt vite à la hauteur du loup, pour même le dépasser. Elle sentait le lapin. Elle sentait sa peur et cela décupla son envie...

Le loup ne se contentait pas de suivre la louve brune, il la dépassait, puis se remettait derrière elle, pistant l'animal presque épaule contre épaule à certains moments. Le pauvre lapin auquel il s'attendait, courrait dans tous les sens paniqués par l'apparition des deux loups.

Finalement le loup bondit non loin de lui et lui donna un petit coup de patte gentillet pour le renvoyer à la louve, lui laissant s'en occuper, soit en le libérant pour le poursuivre à nouveau, soit pour le tuer.

La louve ne se fit pas prier. Elle baissa la tête et sectionna la nuque de l'animal, faisant jaillir du sang qui vint colorer ses babines. Du bon sang chaud! Elle releva la tête avec un air fier. Oh bien sûr ce n'était pas elle qui avait rejoint le lapin, mais le loup lui en avait fait cadeau! Et c'était encore mieux.

Le loup s'approcha et vint frotter son museau contre celui sanglant de la louve avant de baisser la tête pour lui indiquer de manger l'animal si elle en avait envie... lui se contentait de lécher la fourrure de sa compagne pour éliminer le sang.

La louve baissa à nouvea la tête et arracha un morceau de l'animal qu'elle avala goulûment. Puis elle arracha cette fois la peau douce du ventre, meportant le foie du même coup. Cette fois-ci, au lieu de manger, elle le tint par une extrêmité et l'amena devant le museau du loup. Il n'y avait pas de raison qu'elle soit la seule à manger... Surtout si elle voulait le séduire.

Charmé, le loup avança doucement sa gueule pour prendre le morceau tendu par la louve avec délicatesse, mâchant avec appétit le morceau si gentiment offert. C'était le premier cadeau de sa compagne de ce soir et il se redressa le maintien fier en venant poser sa tête sur son épaule comme pour lui exprimer son affection.

Il ne fallait pas croire mais sous leurs airs de gros dur, les loup-garou étaient des êtres très tendres... enfin uniquement en période d'accouplement mais tout de même.

La louve répondit en posant sa tête contre celui du loup. La carcasse de lapin n'avait plus aucun intérêt. Elle tourna la tête et elle passa un coup de langue sur l'oreille du loup noir, entamant à son tour un début de toilette. Mais elle ne fit rien de plus, ne sachant pas comment son compagnon allait prendre la chose.

Bien au contraire, le loup appréciait. Cela signifiait réellement que la louve était conquise et il ne l'avait même pas forcé à le faire. Autant dire qu'il s'en sentait particulièrement fier et heureux.

Il mordilla un peu son cou pour montrer son bien être puis lécha son poil ras près de sa truffe, là où beaucoup de sang s'était accumulé. C'était une première pour lui. C'était un acte amoureux très fort chez les loup-garou que de se rendre aussi vulnérable en léchant ainsi sa partenaire.

A tout moment celle-ci pouvait l'attaquer et il ne donnerait pas cher de sa peau dans ce cas là. Mais il était irrésistiblement attiré par elle, si bien qu'il en avait même réussi à museler son humaine qui bien que contre toute ses papouilles en ronronnait autant de plaisir que lui. Il le sentait en lui.

La louve avança sa gueule et elle l'enfouit dans le cou du loup. Comme il le lui avait fait précédemment, elle approcha sa truffe de la peau et la lécha avec tendresse, se déplaçant dans l'épaisse fourrure.

Le loup se laissait faire, totalement aux anges, si bien que des légers piaulements prouvant son bien être s'échappait de sa gueule. Il avait trouvé sa compagne... Une compagne de jeu, de chasse et de papouille. De vie tout simplement.

Hélas, il sentait la lune laissait la place petit à petit au soleil et il ne lui restait que peu de temps avant qu'il ne disparaisse. Il interrompit donc sa compagne et avide de câlins poussa doucement la louve à s'allonger sur son flancs où il put, en passant sa gueule entre ses pattes, lécher son ventre, là où le poil se faisait plus rare et la peau plus accessible. C'était là, leur dernier moment pour ce soir.

Il se recula dans un piaulement et commença à s'en aller doucement.

La louve, ravie, se remit sur ses pattes et suivit le loup, se rapprochant de lui pour frotter sonmuseau contre ses flancs. Elle ne comprenait pas pourquoi il s'en allait maintenant. Et elle était bien décidée à le suivre encore un peu... Tant qu'il l'accepterait.

Il la laissait venir avec lui jusqu'en ville où il s'arrêta et la poussa du museau pour qu'elle s'en aille. Cette fois-ci, il ne pouvait plus accepter qu'elle reste avec lui. Il devait rentrer et l'humaine reprendrait le contrôle.

Il la poussa à nouveau du museau et se mit à courir dans l'autre sens en sentant la lune mourir pour mieux renaître plus tard. Il courrait tant et si bien que lorsque la transformation inverse se fit, se fut Ally qui en fit les frais en glissant lamentablement dans les escaliers.

Tout doucement, elle retrouva ses esprits mais elle se sentait... courbaturée et passa sa langue sur sa lèvre supérieure, y sentant du sang. Elle leva la main et se rendit compte que c'était le sien. Dans sa course folle, son nez avait tapé contre les escaliers. Grimaçant, elle se leva et se dépêcha d'atteindre l'appartement où elle s'engouffra pour rejoindre la salle de bain. Avant tout, prendre une douche pour éliminer tout ce sang, aussi bien le sien que celui du lapin et surtout, surtout l'odeur de la louve encore présente sur sa peau.

Alex était morte d'angoisse. Elle n'avait pas réussi à fermer l'oeil de la nuit, inquiète pour sa femme qui était parti chasser un autre loup... Surtout qu'Ally ne revenait pas.

Dès qu'elle avait entendu la porte d'entré s'ouvrir, elle en aurait sauté hors du lit. Elle entendit immédiatement la porte de la salle de bains s'ouvrir et se refermer. Ce n'était pas normal.

Encore plus inquiète, elle se leva rapidement et alla toquer à la porte, n'osant pas entrer. Bébé? C'est toi? Tu vas bien?

Et merde ! Ally ferma les yeux un instant. Oui c'est moi. Je vais bien, j'ai juste... Elle tourna les boutons du robinet pour se mettre sous l'eau et commencer à se savonner. Je prends ma douche.

Du moins, elle tentait. Elle se savonnait tout son corps pour effacer à la fois les traces de sang et toutes odeurs suspectes mais son propre sang finissait invariablement par salir à nouveau son corps. Agacée, elle finit par s'enrouler autour d'une serviette et se pencha au-dessus du lavabo en ouvrant doucement la porte. Elle pouvait faire entrer sa femme à présent que l'odeur de la louve n'était plus sur sa peau. Chérie... Je saigne du nez. Tu n'aurai pas un truc pour arrêter ça ?

Tu saignes du nez?! Alex entra en trombe dans la sale de bains. Bébé! Elle s'approcha d'elle et posa ducement une main sous le menton d'Ally pour le lever. Penche la tête en arrière. Je vais mettre du coton. Et si dans 5 minutes, ça ne s'est pas arrêté, je t'emmène aux urgences. Elle ne savait pas ce qui s'était passé... Qui avait blessé sa femme.

Tout en prenant le coton dans l'armoire à pharmacie, elle regarda Ally, cherchant d'autres blessures qui seraient apparentes.

Ca va allez... Il n'est même pas cassé... Ally grimaça légèrement. Je suis tombée comme une gourde dans les escaliers pendant la transformation en voulant rentrer. Je n'avais pas vraiment envie de me retrouver nue dehors.

Bon sang, elle se sentait tellement coupable de ce qui s'était passée cette nuit... Et pourtant étonnament, elle n'avait aucune difficulté à ne rien laisser paraître. Et cela, la faisait se rendre encore plus coupable... parce quoi qu'elle en pense, elle savait qu'elle avait eu terriblement envie de rester encore avec la louve... de se retransformer près d'elle.

Et l'autre loup? Tu l'as trouvé? Elle mit deux petits morceaux de coton dans les narines de sa femme. Tu n'es pas blessée ailleurs?

Ally grimaça à nouveau. Ce n'était pas très agréable ces morceaux de coton. Non. J'ai réussi à l'attirer en dehors de la ville et j'ai courru dans la forêt. Mon plan a fonctionné... il s'est défoulé sur des lapins et d'autres petits animaux. Je n'ai pas eu à me battre contre lui.

Mais je suis fatiguée. Ce qui n'était pas faux. Elle avait galopé toute la nuit près de l'autre louve qui ne semblait pas connaître le mot repos. Mais c'est tout de même inquiétant de savoir qu'un loup rôde en ville. Il risque d'attirer les chasseurs s'il continu à venir hurler dans le coin.

Et c'est un tueur... Il risque de tuer des innocents. C'est peut-être même déjà fait... Elle fit asseoir Ally sur le rebord de la baignoire. On doit l'arrêter... On pourrait peut-être... Je sais pas moi... Lui administrer du sang de Mohra.