La vie sans elle 5

Ally renifla doucement dans le cou d'Alex et finit par se reprendre, mordillant doucement son oreille pour lui indiquer qu'elle allait bien. Ca va... c'est juste que... Je ne sais pas ce que je ferai sans toi. Elle recula doucement son visage pour embrasser sa femme tendrement, laissant enfin ses mains caresser le dos de son amante.

Tu avais quand même raison sur un point... Il m'aimait suffisamment pour ne pas m'avoir laissé seule. Ou il aurait pu me tuer et ça aurait été réglée... mais au lieu de ça, il m'a nourris, m'a appris à lire, compter et à écrire et il a passé sa vie à essayer de me donner une vrai vie. Je sais qu'il m'aimait... à sa façon... mais j'aurai aimé qu'il me le montre... qu'il me prenne dans ses bras.

Je te comprends. Mais dis-toi qu’il t’a peut-être mis sur ma route depuis là-haut pour que je puisse faire ce qu’il n’avait pas eu le courage de faire. Il s’est sûrement rendu compte de son erreur. Elle sourit tendrement. J’aime bien cette version

Ally lui rendit le même sourire. Moi aussi mon amour. L'une de ses mains délaissa son dos pour glisser dans les cheveux de sa femme avant que ses lèvres ne retrouvent les siennes, tendrement.

Tiens... Elle changea de sujet d'une manière radicale à nouveau. Tu n'as pas ammené notre monopoly ? Elle ricana sous la blague entre elles, et son manque de libido avant qu'une autre pensée lui vienne en tête et son visage se fit plus sérieux. Comment... comment ça s'est passé pour toi après notre séparation ?

Mais elle se devait de répondre à Ally. Comme pour être certaine qu’elle n’était pas en train de rêver, elle serra Ally tout contre elle. Au moins elle était sûre que sa femme était avec elle. J’étais effondrée ! Je suis restée de longues minutes par-terre, jusqu’à ce que ma mère ne descende. Elle m’a relevé et m’a traîné dans le salon. Et je suis simplement restée là. Quand Annick est rentrée, je lui ai demandé de partir et elle a étonnamment obéi.

J’ai passé toute la journée du lendemain dans mon lit, d’où je pouvais entendre mes parents débarrasser le sous-sol de tout ce que tu y avais mis… J’aurais pas pu le faire et encore moins y descendre alors que c’était encore notre petit nid. La douleur était lisible sur son visage. Et le lendemain je suis partie à la fac. Je ne supportais plus de rester à la maison… et tu sais, la suite c’est pas bien mieux. J’ai pas fait grand-chose pendant le reste de ces vacances. Et puis la rentré est arrivée et j’ai repris le chemin des cours…

Ally déposa plusieurs baisers dans son cou pour lui montrer son soutien et c'est d'une voix rauque qu'elle parla. Je me demandais... Ca a été dur pour moi aussi. J'ai... j'ai fais pas mal de bêtise après ça. J'avais tendance à m'éloigner de Dean et de Marc, à prendre des affaires plus difficiles et plus dangereuses.

Elle lui fit un petit sourire triste. Mais je n'arrivais pas à m'éloigner et encore moins à t'oublier. Je me persuadais que je t'avais oublié, que je n'avais plus mal... alors pour m'en convaincre, je revenais te voir et quand je repartais la douleur revenait plus forte mais je ne pouvais pas m'empêcher de revenir vers toi. C'est comme si... comme si je m'efforçais de ne pas t'oublier, de te garder toujours présente. Elle se pencha doucement en avant pour lui voler un baiser. Comme si j'aurai pu de toute manière.

Tu es la seule femme de qui je suis tombée amoureuse... c'était impossible que je t'oublie. Ce qui me faisait le plus mal c'est que... que quand je suis partie, je savais qu'un mot de ma part et tu aurais été dans mes bras. J'ai failli le faire... j'ai voulu te prendre dans mes bras... mais je suis montée et je me suis allongée sur le canapé du salon et j'ai passé toute la nuit à te supplier de venir me rejoindre. Si tu étais montée, si tu étais simplement venue contre moi, j'aurai tout effacé et je t'aurai serré contre moi.

Comment j’aurai pu ? Ce que j’avais fait était ignoble ! C’est ma mère qui est descendu quand tu es partie, je pense. C’était trop dur… Elle sentait des larmes couler. Je m’en voulais tellement… Elle fit un sourire timide, prenant conscience d’une chose. Tu es venue me voir ? Quand j’étais à la fac ? En cachette ? Si c’était vrai, pourquoi elle ne l’avait pas senti ? Pourquoi elle ne s’en était pas rendue compte ?

Ally se mit à rougir. Même maintenant c'était plutôt honteux pour elle d'avouer une telle chose. Quelques fois... Je venais pendant que tu dormais... je te regardais par la fenêtre. Elle rit doucement. Mais comme tu es une incroyable frileuse, c'était rare que je puisse entrer parce que madame fermait toujours sa fenêtre. Il n'y a qu'en été que je pouvais entrer... Elle lui fit un petit sourire coupable. Tu m'avais invité une fois... je t'avais prévenue que les vampires n'avaient besoin que d'une invitation.

Elle baissa à nouveau les yeux. Et je me sentais si stupide de faire ça. A chaque fois, j'avais peur de découvrir que tu n'étais pas seule dans ton lit... ou qu'il y aurait des photos sur ton bureau de la personne qui m'aurait remplacé. Elle releva ses yeux dans un sourire timide. Tu n'as jamais remarqué que tu avais un de tes tee-shirts pour la nuit qui ne faisait que disparaître et réapparaître mystérieusement ?

Non ! Ses yeux s’agrandirent. C’était ça ! Je ne comprenais pas pourquoi j’arrivais jamais à mettre la main dessus et que d’autre il était tout d’un coup simplement rangé ! Bon sang, elle avait même cru brièvement être devenue folle. Son regard se fit plus triste. Si j’avais su, j’aurai tout le temps dormi avec la fenêtre ouverte… Ou je t’aurai laissé un mot pour que tu me rejoignes dans mon lit. J’en ai tellement rêvé… Pourquoi je ne t’ai jamais senti ? Je veux dire, je suis loup-garou avec un odorat développé, alors pourquoi ? Elle s’en voulait presque…

Peut être qu'inconsciement, tu ne voulais pas te réveiller de peur que ça n'ai été qu'un rêve. Je ne sais pas... Ally eut un sourire tendre. Mais il y a eu une nuit où j'aurai pu faire un arrêt cardiaque.

Elle laissa sa main glisser dans les cheveux de sa compagne. Tu t'es réveillée mais je pense que tu croyais être encore endormi. J'étais à côté de toi et... tu m'as simplement dis de venir contre toi. C'est ce que j'ai fais... Je t'ai serré dans mes bras toute la nuit.

Elle baissa les yeux. Mais quand j'ai senti le soleil se lever... Elle soupira. J'ai été si stupide... Si j'étais restée, on aurait pu tout recommencer. Elle lui fit un faible sourire malgré tout. Après ça, quand je ne chassais pas, je venais près de toi.

Je m’en rappelle pas. Elle avait rêvé tellement de fois qu’Ally la tenait contre elle, qu’elle revenait près d’elle… Et elle s’en voulait de ne pas avoir su, de ne pas avoir deviné. Il devait y avoir ton odeur dans toute ma chambre ! J’aurais dû le sentir… Elle avait été tellement malheureuse. A tel point que quand l’Initiative l’avait attrapé, au début, elle avait ressenti du soulagement. Ces soldats allaient la tuer, elle en était sûre et elle s’était laissé faire. Elle avait voulu mourir. Et ça, elle ne l’avait jamais dit à quiconque, répondant simplement qu’ils l’avaient attrapé. Mais elle les avait sentis de si loin, qu’elle aurait eu largement le temps de leur fausser compagnie. Je me suis laissé attraper. Elle venait de le dire à haute voix, dévoilant à son tour un de ses secrets les plus profonds. Je voulais mourir…

Ally resta un instant sans comprendre les paroles d'Alex avant de faire le rapprochement avec ce qui s'était passé ensuite et son regard se fit plus doux alors qu'elle déposait des petits baisers dans le cou de sa femme. Shhh... C'est fini tout ça ! Nous sommes là toutes les deux, ensembles et je t'aime.

Elle frotta doucement sa joue contre celle d'Alex et finit par demander à mi-voix. Pourquoi m'as tu appelé ? Pourquoi ? Alors que tu voulais... Elle ne réussit pas à finir sa phrase, de quelque chose qui lui semblait si horrible. Elle déglutit et embrassa à nouveau la gorge de son amante. Pourquoi m'as tu appelé ?

Parce qu’ils ne l’ont pas fait… Je voulais qu’il me tue pour ne plus souffrir… Comme l’auraient fait les chasseurs lorsqu’on s’est rencontré… Mais ils m’ont capturé… J’étais toujours vivante… Elle ferma les yeux, alors qu’elle pâlissait. Et ils ont fait… Ces choses… Et j’avais mal dans mon âme, comme avant, et dans mon corps… Et ils ne m’auraient pas tué… Ils s’en seraient pris à mes parents… Ils allaient le faire… Je pouvais pas… Sa voix se brisa complètement. C’était la première fois qu’elle racontait réellement toute l’histoire… Sans mentir ou omettre des choses.

Mon amour... Elle l'attira encore plus contre elle si c'était possible et l'entoura de toute son affection. S'ils avaient... je l'aurai su et je les aurai tué un par un. C'était une certitude. Cela aurait été un plan suicidaire mais sans Alex, il n'y aurait plu eu d'intérêt à vivre... Et elle avait tellement mal de voir sa femme encore souffrir de tout cela mais elle devait en profiter qu'Alex était prête à raconter.

La blessure était réouverte et il fallait à tout prix qu'elle en extrait les mauvaises choses pour pouvoir guérir entièrement. Qu'est ce qu'ils t'ont fait mon amour ? Elle ressera son étreinte en embrassant son épaule. Tu es en sécurité ici... dis moi bébé...

Le corps d'Alex se crispa. Elle secoua la tête. elle ne pouvait pas le dire... Elle ne pouvait pas lui dire... C'était trop ignobble... Elle n'en avait jamais parlé... Elle avait repoussé ça très loin au fond de son esprit, le barricadant derrière de nombreuses portes de coffre-fort...

Et de voir le refus d'Alex de le dire la fit frémir. Elle connaissait suffisament sa femme pour savoir que cela devait être quelque chose de particulièrement dur pour qu'elle ne veuille le dire. Elle garda son étreinte sécurisante autour du corps de son épouse en fermant les yeux, repoussant les horreurs qu'elle imaginait et qui était probablement pire que la vérité. Alex... il faut que tu le dises ma puce... tu ne peux pas garder ça plus longtemps en toi...

Elle ne pouvait pas... Tant que c'était en elle et rien qu'en elle, c'était protégé. Elle ne voulait pas repenser à ça... Elle ne voulait pas voir de l'horreur ou de la pitié dans le regard de sa femme. Elle ne voulait pas prendre le risque d'être rejetée. Elle murmura, commençant à sangloter. Tu ne m'aimeras plus...

Comment sa femme pouvait elle penser une telle chose ? Je t'aimerai toujours Alexandra ! Toujours ! Rien de ce que tu pourrai me dire ne changerai mon amour pour toi. Je te le promet bébé... Elle prit la main d'Alex et l'amena à ses lèvres, embrassant doucement le bout de ses doigts avant de la poser sur sa propre joue.

Tu as ma parole ma puce. Je t'aime et je t'aimerai encore dans cinquante ans et dans quatre vingt et tous les ans un peu plus fort encore. Je veux juste t'aider... ce n'est pas bon pour toi de garder tout ça à l'intérieur de toi... Et en même temps, elle n'était pas vraiment sûre de vouloir savoir. Elle ne savait pas du tout à quoi il fallait qu'elle s'attende mais ça lui faisait peur.

Et elle changea de tactique. Elle fit un petit sourire pas du tout convaincu. mais c'est rien. C'est rien, je t'assure. Elle se recroquevilla sur elle même. Faut pas que tu croies que c'est grave... Ell ene voulait pas du tout la perdre...

Ca aurait été si facile de se laisser convaincre que cela n'était rien et qu'Alex oublierait toute seule comme une grande. Une part d'elle voulait y croire, voulait que ça ne soit rien mais une autre part savait que c'était faux et que même si elle n'était pas persuadée de vouloir savoir, il le fallait.

Il fallait qu'Alex en parle et elle était probablement la seule à qui elle pouvait le faire. Je t'en prie Alex... Elle aussi changea de tactique, mais en étant complètement sincère. Je m'imagine tellement de choses, plus pires les unes que les autres. Je t'aime et je ne veux pas te voir souffrir pour quelque chose dont je suis incapable de te soigner parce que tu as voulu m'épargner. Je t'en prie bébé... J'ai besoin de savoir...

Alex se recroquevilla encore un peu plus. Elle pleurait maintenant. Je... On était deux... A côté... Ils m'ont fait des prises de sang. Ils ont fait des tests... Des prélèvements... Et... Ils voulaient nous faire... Tester un antidote... On voulait pas... Et elle a pris une pièce... J'ai perdu, mais ils l'ont pris lui.... Il a hurlé, puis plus rien... Le silence c'était pire.

Elle se crispa encore plus. Puis ils ont voulu tester ma résistance à la douleur... Et quand je me suis transformée... C'était pas la pleine lune.... Alors... Alors... Ils ont continué... Elle n'arrivait plus à parler. comment raconter la suite? C'était tellement...

Ally avait commencé à la bercer dès qu'Alex avait débuté son récit, caressant doucement ses cheveux en la berçant contre son corps pour la rassurer, lui faire comprendre que ce cauchemar était fini et qu'ici avec elle, elle ne risquait plus rien.

Le récit était dur. Elle se rappelait encore des cauchemards qu'Alex avait fait pendant un long moment. L'autre loup-garou, José... Alex avait souvent hurlé son nom dans ses cauchemards. Elle embrassa doucement la tempe de son épouse en murmurant pour la pousser à continuer. Je suis là...

C’était tellement dur ! Je… J’étais différente… Unique… Donc… Ils ont voulu savoir… J’ai rien dit, tu me connais, mais… Elle ferma les yeux. Elle semblait un peu plus calme maintenant qu’elle était sur le point de parler. Ils voulaient savoir si ça se transmettait… Ils m’ont pris des ovules… Et… Elle ne savait pas comment le dire. Elle ne savait vraiment pas… Tout allait changer… Elle secoua la tête. Ils ont voulu savoir si j’étais féconde… si mes gênes étaient dominants… Elle enfouit son visage dans le cou de sa femme, ne voulant pas voir son regard. J’ai été violé. Elle continua. Ils voulaient un loup à domestiquer...

Ally ferma les yeux. Elle avait eu tellement peur de ça. Tellement. ferma les yeux. Elle n'avait même pas de réaction alors que son coeur semblait s'être arrêté avec cette rage immense qui s'emparait de son corps... et rien qu'elle ne pouvait faire pour l'apaiser. Il n'y avait plus aucun soldat à éliminer, aucune initiative à démanteler. Tout cela avait déja été fait.

Elle ne pouvait même pas venger sa compagne, faire payer les ordures qui lui avaient fait bien plus de mal qu'elle le pensait. Mais Alex n'avait pas besoin de sa colère. Elle avait besoin de son amour, de son soutien. Sa main remonta doucement sur sa nuque qu'elle caressa tendrement. Elle aurait tant voulu en savoir plus... et en même temps, elle se demandait à quoi cela servirait de savoir comment ? Qui ? Cela avait il seulement une importance ?

Ils ne te feront plus jamais de mal mon amour. Plus jamais. Elle renifla doucement et posa délicatement ses lèvres sur l'épaule de sa femme. Sa femme si forte qui avait gardé si longtemps tout cela enfouit en elle.

Alex était encore complètement tendu. Comment en aurait-il pu être autrement? Ally savait maintenant. Mais une angoisse qu'elle avait n'avait pas encore été exprimée. Elle ne voulait pas voir Ally... Elle ne pourrait pas supporter son regard... Elle se maudissait déjà d'avoir parlé, mais maintenant, une part de son esprit lui chuchotait qu'il valait mieux aller jusqu'au bout. J'ai.. J'ai peut-être un bébé... Quelque part... Mes ovules....

Doivent être en sécurité... Ally posa doucement son visage sur l'épaule d'Alex et même si cette position était particulièrement inconfortable c'est comme ça qu'elle voulait être. Sa voix trembla alors qu'elle reprenait. Marc... doit savoir. Elle ferma les yeux et sentit des larmes coulés, sachant que son ami ne lui avait rien dit. Il... Quand le projet initiative a été abandonné. J'ai demandé à Marc d'envoyer une équipe recherché tout ce qui pouvait nous concerner, de l'échantillon de sang au dossier médical.

Il ne m'a jamais... Je n'ai jamais demandé ce qu'ils avaient rapportés de là bas... Elle ne savait pas vraiment si elle devait être en colère contre Marc pour lui avoir cacher une telle information ou bien si au contraire, elle devait être fière d'avoir un ami comme lui qui protégeait Alex en lui laissant le choix de tout dire ou de se taire.