La vie sans elle 4

Ally tremblait des mots incensés qu'elle venait d'entendre et hurla pour se faire entendre par Alex. Et moi ?! Elle se rapprocha d'un pas rapide. Quand tu es venue me voir dans ma salle de classe. Quand tu m'as regardé en face en me demandant si j'avais couché avec un de mes élèves !

Elle n'arrivait plus à contrôler ses tremblements à présent et sentait qu'à tout moment, elle risquait de dire une énorme bêtise. C'était différent peut être ? Ne me demande pas de ne jamais imaginer que ça pourrait t'arriver alors que je t'ai déja vu avec une autre femme de ton plein consentement !

Oui c'était différent. Il se vantait de l'avoir fait avec toi! Et tu risquait de perdre ton job! Alors que là on parle de Dean! N'a-t-il jamais fait un seul geste déplacé envers moi? Non! Parce qu'il ressentait des sentiments pour toi, pas pour moi.

Elle n'en revenait pas qu'Ally lui balance l'histoire de la boîte de nuit en pline face. Et oui j'ai embrassé une autre femme... Pour que tu me quittes! Mais à ce moment-là, on n'était pas jeunes mariées, ni n'attendions un bébé!

Elle se tourna vers la route, attendant le bus, n'importe lequel. Elle n'en revenait toujours pas de la tournure des évènements. Si, dès que je ne te parle pas d'un truc, tu imagines tout de suite que je couche aec une personne, et bien, tu n'as pas fini d'être cocu, tu m'entends! Et dire que je pensais que tu avais un peu confiance en moi...

Ca n'a rien avoir avec la confiance ! Quand tu as entendu la rumeur sur moi et cet élève, tu as pensé que j'avais couché avec lui ! Tu me la balancer en plein visage ! Et ne me dis pas que tu t'en faisais pour mon job. Alors quoi ? Tu n'avais pas confiance en moi ?

Elle secoua la tête. Moi j'ai compris que ce n'était pas ça... que ce n'était pas que tu n'avais pas confiance en moi ou en nous... Mais que tu n'avais pas confiance en toi ! En ton aptitude à me garder ! Elle prit sa main et lui donna les clefs de la voiture avant de tourner les talons et de marcher vers la sortie de l'aéroport.

Elle cria. Et maintenant qu'on est marié, tu ne crois toujours pas en nous?! Ally ne se retourna même pas et Alex ne put que la regarder s'en aller, paralysée. Elle était blessée, peut-être plus qu'elle ne l'avait été. Celà faiait tellement mal... Tellement mal qu'on ait pas confiance en elle, en leur couple. Il lui semblait pourtant qu'elle n'avait jamais donné à Ally la moindre raison de douter d'elle, sauf bien sûr pour cette femme, mais la brune savait les raisons de ce dérapage...

Ally continuait à marcher, elle continua jusqu'à ce qu'elle soit hors de vue d'Alex et se laissa tomber sur le bas côté. Elle mordit son poing et se mit à crier, libérant cette énergie, cette colère qu'elle avait ressentit près d'Alex au point de vouloir la frapper, la faire taire.

Malgré toute leur dispute, jamais elle n'avait eu l'idée de lever la main sur sa femme et là ça avait été son intention quand elle était revenue près d'elle. Qu'est ce qui lui prenait ? A nouveau, elle ne se reconnaissait plus dans son comportement. Comment avait elle pu pensé à frapper sa femme ?

Elle continua à hurler ainsi sa voix étouffée par son poing jusqu'à ce que sa voix se casse et reprit son chemin avec maintenant un endroit très clair où aller.

Alex était resté plusieurs minutes immobile. Elle pouvait sentir que toute couleur avait déserté ses joues. Ally n’avait même pas jeté un coup d’œil sur elle avant de s’en aller. La loup-garou se sentait coupable. En retournant jusqu’à la voiture, elle ne pouvait s’empêcher de se répéter que tout était sa faute. Si elle lui avait dit la vérité, si elle n’avait pas craint qu’elle lui en veuille… Elle monta dans la voiture et ferma la portière. Mais comment Ally avait-elle pu envisage ne serait-ce qu’une seule seconde qu’elle puisse ressentir des sentiments autre que de l’amitié pour Dean ? Ca lui semblait tellement inconcevable.

La loup-garou démarra la voiture et s’engagea dans la circulation. Elle pénétra dans le premier parking couvert qu’elle trouva et se gara. Là elle pouvait laisser couler ses larmes.

Il lui avait fallu presque trois quart d'heures de marche pour arriver enfin à la ville et trouver un bureau de poste qui lui avait indiqué ce qu'elle cherchait. Puis encore dix minutes pour l'atteindre. Elle souffla un bon coup et poussa la porte sans une hésitation.

La secrétaire lui demanda si elle avait un rendez-vous. Elle lui répondit que non mais que c'était urgent et après quelques minutes, elle put pénétrer dans le bureau du médecin. Un médecin psychiatre. Elle se mit à déglutir en s'allongeant sur le fauteuil comme elle l'avait vu dans les films et sans même hésiter, elle déballa tout. Elle lui expliqua la perte de leur enfant, la douleur, la honte, la culpabilité aussi. Elle expliqua la peur de perdre Alex, de perdre Tom et toute cette rage en elle qui s'accumulait.

Elle expliqua le ras de bol d'aller bien pour soudainement perdre pieds... Et finalement elle resta plus de trois heures et demi dans le cabinet, payant une note élevé pour se voir remettre une ordonnance d'anti-dépresseur et un diagnostic. Dépression pré-natale.

Après avoir pleuré pendant de longues minutes, Alex redémarra et sortit du parking. Devait-elle rentrer chez elle, enfin chez Gabriella? Aurait-elle la force de répondre à ses interrogations? La réponse était évidente, et elle prit la route de la plage pour se poser un petit moment au soleil. Elle ne pouvait pas affronter sa grand-mère.

Ally avait rapidement acheté ses médicaments et avait prit la dose recommander. Elle ne savait pas vraiment quel effet en attendre mais ça serait probablement mieux que ce qu'elle ressentait pour le moment. Après une demi-heure d'auto-stop, elle finit par trouver un italien qui accepta de la déposer au village de Gabriella et une vingtaine de minutes plus tard, elle entrait prudemment dans la maison.

A son grand soulagement, elle ne vit pas la grand-mère... mais il n'y avait pas non plus la voiture de location. Elle monta jusqu'à leur chambre et s'assit sur leur lit, prenant son téléphone pour appeler Alex. Elle tomba sur le répondeur et laissa un message. Alex... C'est moi... Je suis à la maison, j'aimerai... j'aimerai que tu viennes qu'on puisse parler... Je t'attends.

Le téléphone de la loup-garou sur la table de nuit vibra le temps de transférer l'appel sur la boîte vocale.

Pendant ce temps, Alex était toujours assise sur le sable, les yeux dans le vague de la mer. Il commençait à se faire tard, mais elle n'avait aucune envie de rentrer, surtout pour retrouver sa chambre vide, sans Ally.

Et merde ! Ally reposa son portable dépitée. Elle avait oublié qu'Alex avait laissé son foutu téléphone dans leur chambre. Elle soupira et se releva pour se mettre à la fenêtre, espérant... Elle ne savait pas trop. Voir sa compagne revenir probablement... même si elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait lui dire.

Quand le soleil se coucha à l'horizon, elle dut revenir à la raison. Que comptait-elle faire? Rester ici sur cette plage toute la nuit? Elle ne pouvait pas. Elle n'en avait pas le droit. Leur bébé comptait sur elle. Bon gré, mal gré, elle se releva. Elle devait rentrer. Elle remonta en voiture et reprit la route jusque chez sa grand.mère où elle arriva environ une heure plus tard.

Ally s'était à nouveau assise sur le lit. Elle était certaine qu'Alex avait dû prendre une chambre d'hôtel. Quelque peu abrutis par ses médicaments, elle ne pensa pas un seul instant qui avait pu lui arriver quelque chose.

Elle restait là, assise dans l'obscurité, sursautant parfois à un bruit ou à un autre. Elle patientait... allait patienter ainsi jusqu'au retour d'Alex. Elle était fatiguée mais pas une seconde, elle ne prit le risque de s'allonger.

Quand elle se gara le long de la haie, elle porta machinalement son regard sur la fenêtre de leur chambre. Pas de lumière! Elle laissa passer un gros soupir. Comment avait-elle pu imaginer qu'Ally serait là? sa femme devait sûrement être en train de se saouler dans un bar ou à des kilomètres d'ici.

Elle, elle n'avait pas le choix. Elle sortit de la voiture, le visage fermé. Elle ne pleurait plus, n'ayant plus de larmes à verser. Elle n'espérait qu'une chose, ne pas croiser sa grand-mère et pouvoir discrètement entrer dans la maison. Mais, même là, elle ne se sentait pas la force d'affronter leur chambre vide, aussi préféra-t-elle directement passer par le jardin et aller directement se rouler en boule dans le hamac.

Mais Ally dans l'obscurité de la chambre avait entendu la voiture s'arrêter devant la maison. Alertée, elle avait couru à la fenêtre pour apercevoir le véhicule de location. Elle attendit un petit moment mais personne ne monta les escaliers. Elle sortit donc de la chambre pour trouver son épouse et descendit. Personne dans le salon... Le bruit dans la cuisine indiquait que Gabriella était au fourneau mais aucune voix. Elle était seule.

Ally soupira et son regard se posa sur le jardin. Elle plissa les yeux et malgré la pénombre remarqua une forme dans le hamac et sans chercher trop à savoir, elle sortit et marcha vers ce qu'elle savait être Alex. Elle fit un geste pour caresser les cheveux de sa femme mais laissa sa main en suspens au-dessus de sa tête en voyant le regard d'Alex posé sur elle. Très lentement, elle recula sa main et la laissa tomber le long de son corps. Je suis allée voir un psy... Il m'a prescrit des anti-dépresseur... que j'ai pris. Ce qui expliquait son air presque nonchalant. Et je pense... Elle inspira. Je pense que je vais continuer à consulter. Elle s'humecta les lèvres et rajouta d'une voix plus rauque. Je suis désolée.

Alex ne dit rien, se contentant de regarder Ally, une profonde tristesse dans le regard. Comment avait-elle pu ne serait-ce qu'un instant croire qu'il y avait quelque chose entre elle et Dean? Comment? Elles venaient de se marier et Alex était enceinte d'elle! Comment?

Ally profita du mutisme d'Alex pour continuer. J'ai confiance en toi Alexandra mais... pour le moment j'ai si peu confiance moi. Quand tu m'as mentit, je me suis dis que ça devait être pour quelque chose de sérieux et... Elle soupira. Je sais que ce n'est pas une excuse. Et je sais que tu m'aimes, je sais que tu ne ferai jamais ça mais... En ce moment, même si je te sais, la plupart du temps heureuse avec moi... Je me dis peut être que tu attends plus et qu'un jour... je ne saurai pas t'offrir ce dont tu as besoin.

Elle haussa doucement les épaules. Et là, maintenant, je sais que c'est stupide. Je sais que j'ai tort... mais il y a des moments ou la pensée que je puisse t'apporter tous ce dont tu as besoin me semble impossible. Elle s'agenouilla finalement pour être au niveau d'Alex et la regarder dans les yeux. Je sais que ça ne rachète pas ce que j'ai dis dans la voiture...

Tu m'as accusée de vouloir te tromper avec Dean?! Dean! Celui qui donnerait sa vie pour toi! Ton frère! Elle secoua la tête. Je... Tu as si peu confiance en moi...

J'ai confiance en toi. Je remettrai sans hésiter ma vie entre tes mains... mais tu peux me briser d'une phrase, une simple phrase... Elle fronça les sourcils. Et Dean... Il me ressemble tellement... mais il a tellement plus d'assurance que moi pour le moment. Elle prit sa tête entre ses mains. Je sais que ce n'est pas possible ! Je sais que c'est faux ! Elle secoua la tête. Je le sais tout ça ! Je le savais quand je t'ai posé la question ! Je savais que tu n'avais rien fait de mal !

Mais j'avais besoin de l'entendre de ta bouche ! J'avais besoin de t'entendre me dire que tu n'y avais jamais songé ! Elle secoua à nouveau la tête, sans parvenir à s'exprimer. Tu ne comprends pas.

Alex s'assit dans le hamac. Ca lui faisait tellement de mal de voir sa femme dans cet état alors qu'elle l'aimait tellement. Elle se pencha en avant et lui prit les mains. Il n'y a rien... rien du tout entre Dean et moi, à part une profonde amitié. Je n'y ai jamais songé et c'est pour toi que mon coeur bat.

Je le sais... Ally se redressa doucement et osa prendre Alex dans ses bras, respirant profondément son odeur en l'entourant possessivement. Sa femme si incroyable qui parvenait à la comprendre malgré tout. Parfois, elle pensait vraiment qu'elle ne la méritait pas. Elle frotta son dos alors qu'elle murmurait. Je le sais Alexandra. Je suis tellement désolée ! Elle enfouit son visage dans sa chevelure pour sentir son parfum si doux.

Je t'aime tellement Alex ! Je ne voulais pas te faire du mal ! Je suis tellement désolée ! Tellement bébé ! Elle ressera son étreinte, frottant toujours le dos de son épouse comme pour faire passer son chagrin, comme si cela n'avait été qu'un cauchemard.

A chaque fois elle lui pardonnait! Elle avait tout le temps passé l'éponge, mais cette fois, elle se sentait moins enclline à pardonner. Elle avait beaucoup de peine à digérer. Mais tu te rends compte que c'est notre voyage de noces... Et que tu m'as accusé de te tromper? C'est notre voyage de noces! Elle avait beau savoir qu'Ally n'allait pas bien, elle ne comprenait pas...

Ally relâcha son étreinte à ses mots, baissant la tête de honte. Je sais... Elle fouilla dans sa poche pour en sortir une boite de pillule estampillé à son nom. Je n'aurai pas besoin de ça si j'arrivais à gérer ! Tu crois que... Je le fais exprès ? Que j'aime nous faire du mal ? Que je me suis demandée quel était le meilleur moyen pour ruiner notre voyage de noce ?

Elle se releva en portant sa main à son front. Je n'arrive pas à gérer mes émotions. Est-ce que tu le comprends ? Elle parlait toujours à voix basse. Non, tu ne sais pas... J'ai des accès de rages que je camouffle, des moments où j'ai envie de pleurer sans même savoir pourquoi ! Elle ferma les yeux un instant pour calmer son mal de tête soudain. Est-ce qu'on ne peut pas... oublier ça juste ce soir et en reparler demain.

Elle ramena sa main sur la joue de la brune. Non, bébé, je sais que ce n'est pas de ta faute. Elle ne rajouta pas combien elle avait mal, encore et toujours. Elle fit signe à Ally de la rejoindre sur le hamac, alors qu'elle se décalait pour lui laisser de la place. Qu'a dit le médecin? Et les pilules, c'est censé faire quoi? Y a des effets secondaires?

Ally renifla doucement et monta dans le hamac pour se serrer aussitôt contre Alex, posant sa tête sur son épaule et sa jambe par-dessus son corps pour ne pas la voir s'enfuir. C'était un psychiatre. Lui, il n'a pas beaucoup parlé. C'était surtout moi. Il a dit que c'était ce que tu pensais. Une dépression pré-natale du fait que j'avais perdu Cameron et qu'il y avait Tom. Il m'a expliqué que mon inconscient n'arrivait plus à faire la part des choses entre ma peine et ma joie d'avoir Thomas.

Alors... il m'a donné ces anti-dépresseurs pour me calmer. Ca va atténuer mes changements d'humeur. Me stabiliser en quelque sorte.Elle prit doucement la main d'Alex pour l'amener à ses lèvres, y déposant un baiser sur la paume avant de la déposer sur sa propre joue et de reprendre la boite de cachet. La prise de ce médicament peut engendrer la nausée, une sensation de fatigue, une diminution de l'apétit... Elle souffla. Et à première vue perte de la libido.