Des vacances paradisiaques? 1ère partie

Mais Alex ne le vivait pas aussi bien qu’Ally. Sa mère voyait bien que quelque chose clochait, mais elle n’allait pas l’interroger, surtout devant tout le monde. Alex viendrait d’elle-même lui parler, enfin elle l’espérait.

Et tu es un loup-garou normal ou tu es spéciale comme Alex ? Marc n’avait pas tenu. Il avait posé la question que tout le monde se posait.

La loup-garou serra plus fort la main d’Ally, comme pour la remercier d’avoir pris sa défense. Mais elle avait toujours ses flashs devant les yeux et ça faisait mal. Elle se résolut enfin à lever la tête et son regard tomba sur le visage de sa mère qui la fixait. Elle savait que quelque chose n’allait pas. Mais Alex n’avait pas envie d’en parler… Pas ici… Pas maintenant… En fait, si elle s’était écoutée, elle aurait fuit dans sa chambre…

Et bien... je peux contrôler le loup...même si pour le moment, il vaudrait mieux que je ne sorte pas trop. Je ne sais pas vraiment si je peux me transformer à volonter comme Alex. Je n'ai pas essayé et j'aimerais autant ne pas avoir à le faire. Elle baissa les yeux un instant pour respirer. Elle se sentait mal à l'aise d'avoir tous ces yeux braqués sur elle. Elle se sentait examinée comme si elle allait soudainement devenir folle, se transformer et tous les mordre.

Le plus important c'est que nous soyons rentrés toutes les deux. Elle jeta un regard à Alex qui avait le visage fermé et le regard diriger vers Isabella. Pour détendre l'atmosphère, elle taquina sa compagne espérant la distraire. Et Alex ne vous l'a pas dit mais elle m'a fait faire l'équitation ou plutôt du canitation ! Elle rit. Ma chérie m'a promené à dos de loup-garou. C'était excellent !

Ouais, mais il paraît que je ne suis pas très confortable. Enfin bon, je connais un loup noir qui est peureux et qui a la trouille des buissons inoffensifs. Sa mère rompit leur échange visuel. Bon vu qu’elles sont affamées, je vais sortir ma botte secrète… Lasagnes à volonté. Alex sourit, elle reconnaissait bien sa mère là.
Alors, tout le monde reste… Et ce n’est pas négociable. Elle le dit en regardant Marc et Evey. Teddy, je te laisse mettre la table. Hors de question que les petites s’en chargent. Et après manger, tout le monde au dodo. J’ai préparé votre chambre… Et ça non plus ce n’est pas négociable. Sur ces mots, elle s’éclipsa pour se rendre en cuisine.

Bon ben, même si elle s’y était attendue, cela réchauffa le cœur de la loup-garou que sa mère continue à se comporter normalement avec elle.

Oh mama, tu es une Reine ! Parce qu'Ally ne se voyait définitivement pas conduire ce soir pour rentrer chez elles. Alors que dans la cuisine. Oui, je te mettrai des gâteaux à emporter ! Ally sourit et resta simplement sur le canapé, regardant Théodore mettre la table, aidé d'Evey. Marc quant à lui, se mit à jouer avec Corleone. Une réaction qui ne lui ressemblait pas. Ally tourna la tête vers Alex et lui fit un léger sourire avant de se pencher à son oreille.

Il faut que je parle à Marc. Je te laisse quelques instants. Elle décala doucement son visage et posa un baiser sur la joue de la loup-garou avant de se lever. Marc, tu veux bien venir m'aider à vérifier la batterie de la voiture ? Elle le tira sans ménagement par le bras alors que Corleone les suivait. Puis faut que je te pose des questions !

Ce fut une fois dehors qu'elle le relâcha. Tu as un problème avec le fait que je sois un loup-garou ? Elle croisa ses bras sur sa poitrine. Je veux que tu me le dises maintenant Marc. Je ne veux pas que tu me fasses le même coup que Dean et surtout je ne veux pas que tu t'en prennes à Alexandra.

Alexandra avait eu un sourire dépité. Aaah sa voiture. A peine arrivée, il fallait qu’elle s’en occupe. Mais bon c’était comme ça. Quant elle avait pris Ally, sa voiture faisait partie du lot. Evey vint vers elle après avoir terminé d’aider son père, qui lui s’était éclipsé dans la cuisine. Elle s’assit à côté de la loup-garou.
Comment tu te sens ?
Alex lui sourit. Un peu fatiguée, un peu tourneboulée aussi. Le retour, vous revoir tous, c’est pas mal d’émotions et de changements.
Je peux comprendre. Tu sais pour nous aussi. Quand on a su que vous n’étiez pas arrivée à votre hôtel… Et surtout que votre avion ne donnait plus signe d’existence… C’était horrible.
Mais le pire ça a été quand vous avez été déclarée morte et que Keys ne vous détectait pas. C’est Marc qui est venu l’annoncer à tes parents. Il a été dévasté.

Tu comprends pas. Ca n'a rien à voir. Il s'assit sur le capot de la voiture d'Ally malgré la grimace de celle-ci. Quand j'ai vu que tu n'appelais pas, je me suis inquiété alors j'ai appelé à l'hôtel et on m'a dit que vous n'étiez pas arrivé. J'ai téléphoné à l'aéroport et là, on m'a dit que votre avion s'était probablement écrasé en plein océan et qu'il y avait peu de chance qu'il y ai des survivants.

Il passa ses mains sur son visage. Keys n'arrivait pas à vous retrouvez, Dean a fait fonctionner toutes ses connaissances mais sans résultat. J'ai dû regardé les parents d'Alex dans les yeux pour leur dire que vous étiez probablement morte ! Et soudain, tu appelles à la maison et là, tu es là et... Il souffla et releva les yeux pour voir Ally en larmes. Quoi ?! Qu'est ce que j'ai dis ?!

Rien, c'est juste... Ally s'asseya sur le rebord de la fenêtre de la cuisine sans voir que celle-ci était entrouverte. Je suis morte Marc. Mon infection... Alex m'a mordu mais je suis morte quelques secondes peut être quelques minutes avant que la pleine lune ne se lève. Le visage de Marc s'était figé sous cette annonce. Et Alex... elle ne va pas bien. Elle était là tout ce temps et moi...

Tu ne vas pas bien non plus. Trancha Marc, incapable de dire quelque chose de plus, encore totalement bouleversé par cette nouvelle. Ally était morte ! Sa meilleure amie avait perdu la vie. Je ne peux pas me permettre d'être faible. Je me suis trop reposée sur Alex ces derniers temps mais là, elle a besoin de moi. Je crois qu'on va aller voir un psychologue ou... Ally passa sa main sur son visage. Je ne sais pas quoi faire !

Isabella avait entendu toute l’histoire. Elle n’avait pas eu l’intention d’espionner, mais… Teddy entra à ce moment dans la cuisine et il vit sa femme bouleversée. Il s’approcha d’elle et la prit dans ses bras. Elles sont de retour… Tu n’as plus à t’inquiéter. Mais ce n’était pas ça qui mettait Isabella dans cet état. C’était les paroles d’Ally. Sa fille avait vu sa compagne mourir, sans qu’elle ne puisse rien faire.
Elle tendit le torchon à son mari. Tu sors le plat dans 3 minutes. Elle ferma la fenêtre et sortit de la pièce pour rejoindre Ally dehors. Elle ne savait pas encore comment aborder le sujet, donc la meilleure façon c’était d’y aller direct.

Elle s’arrêta net au moment où elle allait ouvrir la porte. Ally s’était confiée à Marc, pas à elle. Elle ne pouvait pas débarquer là-bas en clamant qu’elle avait la solution. La meilleure chose à faire, c’était de les laisser finir leur discussion et d’intercepter Marc au moment où celui-ci rentrerait.
Elle faisait donc le pied de grue dans l’entrée, tout en jetant des coups d’œil régulier dans le salon où elle pouvait voir sa fille en discussion avec Evey.

Je vais t'aider, on va tous t'aider... Non ! Ally se releva, essuyant ses larmes. Alex ne doit pas savoir que je t'ai parlé. Elle m'en voudrait sûrement à mort. Ne dis rien à Evey, s'il te plait mais si... si Alex se confie...J'essairai de savoir ce qui s'est dit entre elles, je te le promet.

Ally hocha la tête alors que Marc venait près d'elle. Il voulait la prendre dans ses bras mais ce n'était pas quelque chose d'habituel entre eux alors il se contenta de lui serrer l'épaule en signe de réconfort. Tu rentres avec moi ? Non, je... Ally souffla en montrant ses yeux rougis. Je crois que je vais faire une petite ballade dans le jardin. M'aérer un peu avec Corleone.

Marc comprenant fit demi-tour pour rentrer dans la maison, tentant de prendre un visage neutre alors que la stupéfaction pouvait encore se lire sur son visage. Il poussa la porte et trébucha contre Isabella. Heu, pardon. Je ne vous avez pas vu. Il tenta de passer mais Isabella le rattrapa par le bras.

Pas si vite Marc. Le jeune homme avait vite compris qu’il y avait anguille sous roche, mais il n’avait aucun moyen de s’échapper. Aussi se résolut-il à attendre ce qu’Isabella avait à lui dire.
J’ai entendu votre conversation à Ally et à toi. Marc, étonné, ne put retenir un petit hochement réprobateur. Non c’est pas… Je n’espionnais pas, mais la fenêtre était ouverte alors j’ai entendu. C’est comme ça. Elles ne vont pas bien, aucune des deux. Il ne put qu’approuver. Je ne sais pas ce qu’on peut faire pour les aider. Qu’elles aillent voir un psy me semble une mauvaise idée, à moins que tu en connaisses un digne de confiance qui a l’habitude du surnaturel.
Marc leva la main pour l’interrompre, mais Isabella continua. Il va falloir qu’on soit là pour elle. Ally est trop fière pour parler, pour s’ouvrir aux gens, mais elle te parle à toi. Donc ça ira, vu qu’elle a quelqu’un à se confier. C’est pour Alex que je me fais un peu plus de soucis. Elle n’a plus vraiment d’amis proches, pour autant qu’elle en ait jamais eu. J’ai toujours fait comme si je ne me rendais pas compte de la solitude dans laquelle elle était. Mais là, à part Ally, elle ne se confiera à personne. C’est pas de la fierté, c’est juste qu’elle ne veut pas inquiéter les gens et elle pense, souvent à tort, qu’elle peut s’en sortir toute seule.
Elle serra les poings pour ne pas craquer. Je me fais du souci pour elle.

Marc s’avança et la prit dans ses bras. On se fait tous du souci pour elles deux, mais elles s’en sortiront. Elles en ont vu d’autres.

Un « A table » émana de la cuisine tandis que Teddy, chargé, en sortait.

Isabella passa sa main sur son visage. Bon, on va manger ? Marc la suivit dans le salon.

Ally avait fait le tour de la maison jusqu'au jardin et ne pouvait que constater les dégâts infligés par Corleone. Tu es vraiment une sale crapule toi ! L'animal pencha la tête avec des yeux doux qui firent littéralement craquer Ally. Ce chien avait toujours su comment l'amadouer pour obtenir à peu près tout ce qu'il voulait et à sa plus grande consternation Alex aussi.

Alex... Son sourire s'évanouit. Elle se faisait beaucoup de souci pour elle. Sa propre mort bien que difficile à accepter, ne la remuait pas tant que la jeune femme. Elle avait mal quand elle y repensait mais Alex semblait y penser souvent. Elle s'accroupit pour entourer de ses bras le cou de Corleone qui se laissa faire, semblant comprendre que sa maîtresse avait besoin d'elle. J'ai peur pour elle mais je n'arrive pas à en parler, ça fait trop mal... Elle délaissa l'animal pour essuyer ses larmes. Tu as une idée toi ? Roooh... Corleone pencha la tête puis semblant comprendre partit dans le fond du jardin avant de revenir déposer un objet devant Ally qui éclata de rire malgré ses larmes. Tu crois que c'est la solution à tout une balle ! Elle prit la balle de tennis et se relevant, l'envoya au bout du jardin.

Elle souffla une dernière fois, en espérant que son visage ne porterait pas trop les marques de ses pleurs et entra par la baie vitré de la terrasse, constatant qu'il était l'heure de manger. Je vais me laver les mains ! Sans attendre de réponse, Ally monta à l'étage dans la salle de bain pour se laver les mains avant de redescendre et s'asseoir à côté de sa compagne.

Alex posa sa main sur la cuisse de sa compagne et lui sourit tendrement. Elles étaient enfin entourées des leurs.

Pendant ce temps, Isabella avait rempli les assiettes de chacun des convives d’une bonne part de lasagnes. Rien qu’à l’odeur qui venait titiller ses narines, Alex se sentait rassasiée. C’était étrange, elle avait faim et pas faim à la fois. Elle commença à picorer dans son assiette, tandis que les autres attaquaient avec vigueur la leur. Le plat était excellent, il n’y avait rien à redire à ce sujet. Et son manque d’appétit était certainement dû au rétrécissement de son estomac, vu le peu qu’elle avait mangé sur l’île.

A peine avalé la moitié de son assiette, Alex se laissa aller en arrière, repue. Sa mère qui l’observait du coin de l’œil lui demanda. C’est pas bon ? Si si c’est juste que je n’ai plus faim. Tous les regards se tournèrent vers elle. Alex se sentit soudain mal à l’aise. C’est juste qu’on mangeait pas beaucoup sur l’île alors il faut du temps à mon estomac pour s’habituer. Elle ne pensait plus au steak qu’elle avait si gaillardement avalé au campement.

Et bien sûr tous les regards convergèrent vers l'assiette d'Ally qui elle était bien entamée. Celle-ci la fourchette à la main, la reposa doucement l'air coupable en se sentant examiné. Hey, j'y peux rien si j'ai de l'appétit ! Elle jeta un regard à Alex mais ne dit rien quant à la quantité de nourriture qu'elle avait avalé. De toute manière, la forcée ne servirait à rien si ce n'est à la rendre malade. On prendra des gâteaux pour si tu as faim pendant la nuit.

Elle piqua encore sa fourchette deux fois et repoussa à son tour le plat, bien qu'il était incontestable qu'elle en avait mangé bien plus que sa compagne. Ses yeux la piquaient autant par le fait d'avoir beaucoup pleuré que par la fatigue. Elle retint un baîllement et se pencha vers Alex pour lui murmurer à l'oreille. Je vais aller me coucher... tu peux rester là, si tu veux. Je te garderai une place au chaud quand tu montera. Elle recula sa chaise en parlant à voix haute. Je suis désolée mais je crois que je vais vous abandonnez. Je suis fatiguée.

Alex laissa Ally monter toute seule, après qu’elle eut salué tout le monde. Elle n’avait pas envie d’aller se coucher, malgré les bâillements qi la saisissaient occasionnellement. Elle craignait de refaire le même cauchemar que sur le bateau… Et c’était tellement réel !

Quand Marc et Evey prirent finalement congé, ses parents partirent se coucher eux aussi, non sans avoir souhaité une bonne nuit à leur fille. Bien entendu, ils avaient compris que quelque chose clochait, mais ils ne savaient pas comment aborder le sujet sans froisser Alex.

Alex rangea encore la salle à manger avant de finalement se décider à monter dans sa chambre. Elle ne savait pas si Ally dormait ou non, vu que sa compagne était fatiguée. Elle entra donc sur la pointe des pieds dans la chambre, se déshabilla silencieusement et se glissa sous les draps à la place que lui avait laissé Ally.

Elle demeura encore quelques minutes dans le noir, les yeux ouverts, avant qu’elle ne finisse par s’endormir.

Ally était montée à l'étage et s'était laissée tenter par une bonne douche bien chaude qu'elle savoura comme si c'était la première de son existence, laissant couler l'eau à long moment sur son corps avant d'enfin mettre des sous-vêtements et retourner dans la chambre où à peine allongée elle s'endormit

*********************************

Ally, allongée sur le ventre se réveilla au côté d'Alex le lendemain matin... Alex qui était bien trop loin de son corps. Elle se rapprocha silencieusement et laissa son bras droit entourer sa compagne. Elle aurait voulu se lever, d'autant qu'elle avait quelques appels à passer mais la peur de laisser Alex et que celle-ci se réveille en ne la voyant pas à ses côtés lui fit décider de rester près d'elle.

La chambre plongée dans la pénombre lui permit de réfléchir. Elle aurait vraiment voulu qu'Alex lui parle mais elle savait que celle-ci ne le ferai pas de peur de l'inquiéter... Le problème c'est qu'elle l'était déjà. Il aurait fallu qu'elle lui en parle la première, qu'elle ose aborder ce thème devenu tabou. Mais pour dire quoi ? Elle ne pouvait pas promettre que jamais rien ne leur arriverait plus, qu'elle ne mourrait pas. Et égoïstement, voir Alex pleurer lui faisait tellement de mal qu'elle n'osait plus rien dire.

Alex se réveilla en sursaut. Elle ne se souvenait plus de ce dont elle avait rêvé, mais une sensation désagréable persistait. Aussitôt elle senti deux bras l’enlacer et elle se rassura. Ally était bien là… Toujours là… Elle se recula légèrement pour venir se coller contre le corps de la brune et fronça les yeux quant au lieu de la douceur de la peau, elle senti quelque chose de dur.

Elle baissa le regard et frémit quand elle vit sur son ventre deux mains décharnées qui l’enlaçaient. Hurlant, elle se leva du lit et regarda la créature qui s’y trouvait. Et elle hurla à nouveau. C’était une espèce de squelette avec encore des lambeaux de peau ci et là. Mais le pire, c’est que le cadavre la regardait droit dans les yeux avec ses cavités obscures en souriant des rares dents qui lui restaient. Ca ne va pas, ma chérie ? Au ton de la voix, elle reconnut Ally. Tu ne viens pas me rejoindre ? Comment l’aurait-elle pu !

Quand le squelette se leva et s’approcha d’elle, elle ne put faire un mouvement pour s’enfuir. Tout ce qu’elle parvenait à faire c’était hurler de terreur…

********************************

Alex se réveilla en hurlant. Quand elle sentit le bras d’Ally sur elle, elle ne put que jaillir hors du lit, haletante.

Ally surprise par le hurlement d'Alex avait eu un mouvement de recul et était tombée au sol. Outch... Elle se releva et sauta par dessus le lit pour s'approcher d'Alex. Qu'est ce qui se passe ? Qu'est ce que tu as ? Aux yeux emplis de terreur d'Alex, elle sut que celle-ci avait encore fait un cauchemard. Ce n'est rien ma puce, tu as fais un cauchemard, je suis là maintenant... Mais lorsqu'elle s'approcha, Alex eut un mouvement de recul qui lui fit mal comme un poignard dans le coeur. C'est moi... Elle n'osa plus faire un mouvement, restant là debout devant elle. Alexandra... Tu as fais un cauchemard.

Elle voulait tant la prendre dans ses bras, la réconforter mais au lieu de cela, elle restait là, le regard inquiet posé sur sa femme qu'elle ne pouvait pas aider. Elle se sentait si inutile, surtout elle qui n'avait pas vraiment un don pour la communication. Calme-toi chérie...

Qu'est ce qui se passe ?! La porte s'ouvrit sur une Isabella alarmée et Ally encore en sous-vêtement ne put que s'entourer rapidement du draps.

L’arrivée de sa mère sembla faire définitivement sortir Alex de sa torpeur et elle put réaliser la situation. Une Ally angoissée, elle au milieu de la chambre en sous-vêtement et sa mère également angoissée. Joli tableau Alex, se fustigea-t-elle mentalement, tu fais fort cette nuit. Il lui fallait une excuse. Elle se tourna vers sa mère. C’est rien, maman, tu peux retourner te coucher. J’ai juste plus l’habitude de matelas confortable, alors j’ai rêvé que le lit m’avalait. Bon sang que c’était minable comme excuse. Et comme si ça ne suffisait pas, elle continua. Ca ira mieux la prochaine nuit quand je me serai réhabituée à ne pas dormir par-terre.
Elle n’osait pas regarder sa mère dans les yeux, certaine que son mensonge se lisait sur son visage.

Ally n'était pas dupe, ni Isabella par ailleurs qui hésita un long moment à dévoiler ce qu'elle savait. Elle ne cessait de jeter des regards à Ally qui semblait totalement perdue par la situation du reste et à sa fille qui fixait obstinément un point. Elle devrait lui parler... mais pas pour le moment. Il fallait qu'elle trouve un moment où elle serait seule avec sa fille et elle ne pouvait pas congédier Ally de sa propre chambre sans raison. D'accord... Je vais me recoucher... Elle referma la porte derrière elle mais curieuse, resta derrière la porte pour écouter ce qui allait se dire. Ce n'était pas vraiment de l'espionnage... pas vraiment...

Ally, elle, reprenait son souffle, sans idée de quoi faire. Pendant toute l'intervention d'Isabella, elle n'avait pas osé dire un mot. Chérie... Le mot avait été dit d'une voix faible alors qu'elle se débarrassait du draps et s'approchait très lentement d'Alex comme pour ne pas la faire fuir, pour ne pas la voir se reculer encore une fois d'elle. Elle parvint jusqu'à son corps et très lentement l'enlaça, en la serrant très fort contre elle. Viens. Le mot avait été à peine murmuré plus fort que le précédent alors qu'elle tirait sa compagne vers le lit et l'allongeait avant de venir à ses côtés, lui faisant face. Parle moi... Alex, ça ne peut pas continuer comme ça...

Alex s’était laissée faire. Elle savait qu’un jour elle devrait se justifier, expliquer. Mais elle n’y parvenait pas maintenant. Comment aurait-elle pu dire à la femme qu’elle aime qu’elle la voyait morte dans ses rêves ? Elle ne le pouvait pas. Grelottante, elle remonta l’épaisse couverture, qui avait été reléguée au fond du lit, sur leur deux corps.

Elle n’osait pas regarder Ally dans les yeux, tout comme elle ne pouvait pas lui mentir. Non c’est rien. Elle savait qu’Ally n’y croyait pas. C’est juste un mauvais rêve. C’est déjà oublié. Quand elle remonta son regard, ce qu'elle y lut fit craquer sa fine carapace... Inquiétude, regret, douleur... Elle réalisa que son silence faisait souffrir sa femme. Et c'était quelque chose qu'elle ne pouvait supporter.

C’est d’une toute petite voix qu’elle commença à raconter. J’ai rêvé que tu étais morte. Dans mon rêve, je me réveillais en hurlant et tu me serrais contre toi, seulement c’était pas toi, c’était ton cadavre « en vie » qui était dans le lit avec moi. Sa voix se cassa. Tu m’appelais ma chérie ! Tu voulais que je retourne au lit avec toi. Alex s’entoura de ses bras pour se réconforter. C’était toi, mais morte et en décomposition.

Le visage livide, Ally regardait sa femme sans un mot. C'était donc de ça qu'elle rêvait. Elle réfléchissait à vive allure, sachant qu'elle ne pouvait pas laisser sa femme ainsi. Elle vint plus près d'elle et posa un baiser sur le front de la jeune femme avant de se reculer pour capter à nouveau son regard.

Est-ce que tu veux bien que je te prenne dans mes bras ? L'hésitation se lut dans ses yeux et Ally rajouta. Je reste là, en face de toi. Regarde.Elle laissa doucement sa main atteindre le dos d'Alex et glisser sur sa peau avant de rester en place pour qu'elle puisse sentir la chaleur de sa paume. Tu vois... C'est moi cette fois, vraiment moi. Elle lui fit un léger sourire destiné à la décontracter. De toute manière, il n'y a que dans mes cauchemards à moi que mama entre dans notre chambre et me voit en sous-vêtement.

Elle reprit un visage sérieux pour fixer Alex, ayant elle le pensait, trouver une solution. Alexandra... Est-ce que tu me fais confiance ? Je veux dire... Totalement ? Parce que pour ce qu'elle avait à lui demander c'était très important.

J'ai... J'ai confiance en toi. Entièrement... Même si elle devait l'avouer qu'elle craignait la méthode trouvée par Ally. Elle savait que les troubles post-traumatique, c'était comme ça qu'on les appelait, il lui semblait, ne disparaissaient pas du jour au lendemain.

Mais elle en avait assez de ne pas dormir correctement la nuit, de se réveiller en sursaut. Elle avait même de la peine à laisser Ally la toucher tant les souvenirs de ses rêves la hantaient même le jour. lle voulait se débarasser de tout ça, mais elle avait quand même une pointe d'appréhension.

Keys voulait utiliser une formule sur moi pour apaiser mes cauchemards... J'ai refusé parce que j'étais contre le principe. Parce que contrairement à Alex qui subissait ses cauchemards, Ally savait qu'elle méritait les siens. Cette formule permet à une autre personne de rentrer dans ton rêve pour t'aider.

Elle baissa les yeux. Je comprends si tu ne veux pas. Les rêves sont quelque chose de très personnelle... C'est aussi une des raisons pour lesquelles j'avais refusé que Keys le fasse. C'est toi qui choisit ma puce, je ne veux pas te forcer... Je veux seulement t'aider.

La voix cassée d'Alex résonna dans la pièce. J'arrive plus à te laisser me toucher sans revoir ce cadavre... J'ai sans arrêt peur que ce soit la réalité. Timidement la loup-garou avança la main pour toucher la peau d'Ally pour se rassurer sur l'état "vivant" de son interlocutrice. Elle ne pouvait pas continuer de cette manière. Ca n'avait duré qu'un instant, mais sa vie était rongée par ce souvenir.

Sa décision était prise dès que sa compagne en avait parlé, mais elle craignait que ce soit encore un rêve dont elle se réveillerait en sueur dans quelques minutes. Tant pis. Tu veux bien l'appeler?

Ally avait fermé les yeux un instant sous les mots d'Alex qui semblait si violent. Elle avait même peur de la toucher, peur que ça soit encore son cauchemard. Ally avait déjà prit sa décision mais cela ne l'empêchait pas d'avoir quelques craintes sous ce qu'elle avait proposé. C'est moi qui doit le faire, je connais la formule et... il faut que nous mélangions notre sang. Elle retira prudement sa main du dos d'Alex. Je reviens...

Entendant ces mots, Isabella qui n'en avait pas perdu une miette s'éloigna de la porte et se cacha dans un coin du couloir alors qu'Ally rejoignait la salle de bain et empruntait une lame de raseoir neuve avant de revenir dans la chambre en refermant la porte à clef derrière elle.

Voilà... il faut... Elle se rallongea près d'Alex. Il faut que nous nous coupions toutes les deux, juste un peu dans la paume. Ensuite, nous attacherons nos deux mains ensembles pour conserver un lien pendant notre sommeil. Elle plaça la lame de raseoir dans la main d'Alex, la laissant décider. Nous serons indépendante dans ton cauchemard... mais je serais là, je te le promet. Tu ne seras pas seule, Alex.

Elle n'avait pas envie de se rendormir... Pas envie de se replonger dans ça. Elle hésita. Et si elle arrêtait tout, maintenant, avant que ça ne commence? C'était la solution de facilité qu'elle ne pouvait pas choisir... Sinon elle perdrait Ally.
Elle sentait la lame de rasoir dans sa main, mais ne pouvait se résoudre à l'utiliser. Elle craignait ce qu'elle allait trouver. Je ne contrôle pas mes rêves... Comment savoir ce que tu vas trouver? Et si tu meurs dans mon rêves?